Le sevrage est une période clef pour le développement du chiot. C’est d’abord le moment où il va passer d’une alimentation à base de lait maternel, et donc liquide, à une alimentation solide et sans intervention de sa mère. C’est également la période où il va apprendre à se détacher de sa mère, physiquement et affectivement. Cette phase est en l'occurrence particulièrement importante pour ses apprentissages comportementaux et sa socialisation. Quand sevrer un chiot, et combien de temps cela dure ? Comment sevrer un chiot et quelles sont les étapes du sevrage ? Autant de questions auxquelles nous allons vous répondre en détail dans cet article.

Le sevrage, c’est quoi ?

Le sevrage recouvre plusieurs concepts, mais il désigne avant tout le passage pour le chiot d'une alimentation lactée (le lait maternel si le chiot se nourrit directement en tétant sa mère, ou bien des biberons de lait maternisé dans le cas contraire) à une alimentation solide.

Plus globalement (en s’éloignant du contexte canin), le terme “sevrage” désigne une période de transition dans laquelle on arrête la consommation d’une substance : le sevrage tabagique, ou encore le sevrage de l’usage d’une drogue…

Chez le chiot, il s’agira d’une phase de transition alimentaire dans laquelle il va graduellement de moins en moins téter la chienne allaitante, et se diriger de plus en plus vers la nourriture solide (croquettes, viande, pâtée…). Cette période concorde de plus avec le stade de découverte de l’environnement.

Le sevrage se termine par la séparation de la mère et de sa portée.

Quand sevrer un chiot ?

La capacité de production de lait maternel de la chienne est limitée

La production laitière de la chienne allaitante augmente pendant les premières semaines de lactation afin de pouvoir couvrir tous les besoins des chiots. Elle atteint son maximum 3 à 4 semaines après la naissance, puis les chiots vont avoir besoin d'une source supplémentaire de nourriture pour continuer leur croissance. Plus la portée est importante, plus il sera difficile pour la chienne de satisfaire ses chiots, dont les besoins peuvent alors dépasser sa production de lait avant même la troisième ou la quatrième semaine.

Les incisives des chiots percent vers la 4ème semaine

De plus, les incisives des chiots, qui percent vers la 4ème semaine, font souvent de l'allaitement une affaire douloureuse pour la mère, qui sera de moins en moins encline à se laisser téter par ses petits.

Impact de la race sur les besoins en lait maternel

Selon la taille du chien, le sevrage se déroule pendant une phase de développement plus ou moins délicate. Chez les chiots de grandes races et de races géantes, le sevrage coïncide avec la phase de croissance physique du chiot la plus forte. Pour les chiots de races moyennes et petites, cette phase de croissance intensive a lieu pendant la période d'allaitement, et est donc particulièrement exigeante pour ces chiennes.

A quel âge ?

La période de sevrage débute donc lorsque le chiot atteint l’âge de 3 ou 4 semaines ; mais cela dépend, comme nous l’avons vu, de plusieurs facteurs : du nombre de chiots dans la portée, leur race, leur taille, ou encore de la capacité d’allaitement de la chienne… Par exemple, le sevrage devrait débuter un peu plus tard chez les petites races car les chiots sont moins voraces et les portées sont en général plus petites…Mais des chiots plus curieux d’aller goûter ce qui se trouve dans la gamelle de maman contribueront aussi à un sevrage plus précoce !

En tout cas, à la cinquième semaine, le sevrage devra avoir commencé, les dents de lait gênant la mère allaitante qui va alors repousser de plus en plus ses petits.

Sevrage du chiot : combien de temps ?

Durée du sevrage chez le chiot

La durée du sevrage est généralement de 3 à 4 semaines. Classiquement, on estime qu’un chiot est sevré lorsqu’il atteint l’âge de 7 ou 8 semaines.

Nous déconseillons fortement d’adopter un chiot avant 8 semaines, car cela signifierait qu’il n’est pas sevré et n’a donc pas achevé cette phase de transition alimentaire et comportementale avec sa mère, et ses frères et soeurs de portée.

Une période de transition naturelle à respecter

Le sevrage du chiot est un procédé naturel qui se déroule sur plusieurs semaines, et qui doit être respecté comme tel sans essayer de l’accélérer. En effet, le tube digestif du chiot doit s’habituer à une nouvelle nourriture solide. Des croquettes ou de la pâtée pour chien ne se digèrent pas de la même façon que le lait maternel : ce sont d’autres bactéries et d’autres enzymes qui agissent dans le mécanisme digestif, et son système digestif doit avoir le temps de s’y adapter.

Comment sevrer un chiot ?

Offrez la même nourriture à la mère et à ses chiots

Dans la nature, c’est la mère qui s’occupe toute seule du sevrage en leur ramenant des proies ou de la nourriture qu’elle aura préalablement mâchées. Le comportement alimentaire des chiots à l'âge de 4 semaines est très fortement lié au comportement alimentaire de leur mère. Offrez donc à la chienne allaitante la même nourriture que celle proposée aux chiots de la portée : il sera beaucoup plus facile de commencer le sevrage. En effet, le chiot imite le comportement de sa mère et acceptera donc la nourriture sans problème.

Attention, car une nourriture non adaptée pourrait provoquer plus tard des troubles non réversibles, comme une mauvaise minéralisation de ses os.

Faites tremper les croquettes du chiot pour les ramollir

Les dents du chiot étant encore très peu développées vers la quatrième semaine, il est recommandé de faire tremper d'abord les croquettes dans du lait maternisé (qui a la même composition que le lait maternel) ou dans de l'eau pour les ramollir, puis de réduire progressivement la quantité de liquide ajoutée, de manière à leur proposer une nourriture de moins en moins molle. Il s’agit d’habituer progressivement les chiots à la nourriture sèche pour qu’il puissent à terme en consommer seuls dès l'âge de 6 semaines.

Quantité à servir et rythme des repas

Vers 5 semaines, augmentez la quantité servie au chiot, puis quand il atteindra l’âge de 7 semaines, proposez-lui 3 à 4 repas par jour d’une “nourriture de croissance”. Attention à la quantité servie (particulièrement chez les races de petite taille), car une nourriture adaptée, mais servie en trop grande quantité, peut conduire à l’âge adulte à des problèmes d’obésité. Ou, si votre chiot grandit et se développe trop vite, à un chien qui boite dès la période de croissance.

Un conseil pour les 4 repas quotidiens de votre chiot : laissez-lui sa gamelle à disposition seulement pendant une période de temps limitée (20 minutes par exemple). Vous éviterez d’en faire un chien à l’appétit trop capricieux ; vous préviendrez ainsi la suralimentation et donc le risque de surpoids et ses effets indésirables pour sa santé...

Évitez la viande et la nourriture faite à la maison

Ce serait une erreur de l’alimenter avec de la viande : celle-ci contient trop peu de calcium par rapport aux besoins du chiot.

Quant à l’alimentation faite maison, son inconvénient majeur consiste dans le fait que sa composition peut varier considérablement d'un jour à l'autre, ce qui peut entraîner diarrhées et flatulences.

Privilégiez des aliments secs dédiés au sevrage des chiots

Désormais, il existe de nombreux aliments secs dont la composition est spécialement adaptée à la phase de sevrage. Avec ces produits, vous vous faciliterez la vie en évitant une préparation longue et compliquée. D’autant que la mère et les chiots peuvent être nourris avec la même nourriture ! Attention, certains aliments industriels ont une teneur en minéraux trop faible, de sorte qu’on doit donner aux chiots un complément alimentaire minéral.

Les produits spécial sevrage permettent une stabilité dans l’alimentation des chiots (et vous épargnent les risques de diarrhée dûs à un changement brusque d’alimentation) : ils leur apportent un équilibre nutritionnel qui rend inutile l’achat de quelconques compléments alimentaires.

Les marques d’aliments pour chien disposent désormais de technologies de production avancées : vous trouverez aisément des croquettes de petite taille, adaptées de manière optimale à la mâchoire de votre chiot. De plus, ces dernières sont très faciles à faire tremper, ce qui permet de préparer à la fois rapidement et facilement une bouillie alimentaire adaptée pour son sevrage.

Comment se déroule le sevrage ?

Le premier mois : une disponibilité permanente de la chienne allaitante

Au cours du premier mois de leur vie, les chiots se nourrissent exclusivement du lait maternel.

La chienne vit jour et nuit avec sa portée : elle s'allonge sur le côté de façon à ce que ses mamelles soient disponibles pour qu’ils puissent téter à tout moment. Au bout d’un certain temps, elle s’en ira de temps à autre du panier, en laissant sa progéniture seule pour une courte période. Cela sera le premier pas vers la séparation d’avec ses petits.

Début du sevrage : une nécessité pour la chienne allaitante

A l’âge de 4 ou 5 semaines, les chiots deviennent plus indépendants et plus actifs. Ils se promènent, explorent leur environnement et jouent. Ils doivent apprendre à se nourrir seuls, c'est-à-dire manger des aliments solides qui vont petit à petit remplacer le lait maternel !

Ce processus essentiel est initié par la mère. Celle-ci devra d’ailleurs parfois faire preuve d’un peu de “sévérité” pour que ses chiots passent du lacté à la gamelle...

La chienne allaitante a besoin elle-aussi de ce changement d’alimentation, sans quoi elle perdrait trop de forces et mettrait ainsi sa vie en danger. Pour elle, c’est la douleur ressentie pendant la tétée qui va déclencher ce processus de sevrage : ce n’est plus du tout un plaisir pour elle d’être tétée par une horde de 7 ou 8 chiots affamés !

La mère se met de plus en plus à l’écart

A partir de ce moment, la chienne reste de plus en plus longtemps à l'écart de ses petits. Elle va se lever et partir quand ses chiots vont essayer de la téter sans y avoir été invités : ils tombent alors bien souvent, et parfois rudement, sur le sol en essayant d’atteindre une de ses mamelles. Mais ce n’est pas suffisant pour les décourager : ils essaieront à nouveau de parvenir à la source du lait maternel !

C'est bon pour votre jeune chien :

Rejet progressif de ses chiots

Le premier avertissement est un regard sévère, parfois suivi d'un grognement. Pour les chiots plus têtus, la chienne allaitante assennera un choc sur la truffe du petit gourmand pour bien faire passer le message. La chienne peut aussi attraper le chiot avec sa gueule sans le blesser pour le repousser.

Le chiot sensible apprendra rapidement le sens de ces gestes et abandonnera la tétée au prochain regard ferme de sa mère. Mais les chiots les plus sûrs d'eux, par contre, peuvent pousser la mère dans ses retranchements : elle devra rester ferme dans son rejet.

À partir d’un certain moment, le chiot comprend qu'il doit lécher les babines de sa mère (et non plus son estomac ou ses mamelles) afin d'attirer son attention et obtenir de la nourriture.

Le sevrage a-t-il une fonction comportementale ?

Le sevrage joue un rôle dans le contact du chiot avec l’homme

Dans la nature, la chienne donne à ses chiots de la viande qu’elle aura mastiquée et recrachée en guise de "bouillie de sevrage". Dans le monde moderne, c'est l'éleveur qui fournit la nourriture solide aux chiots, et la gueule de la chienne est remplacée par la main de l’homme dans la gamelle. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles le chiot va développer une bonne relation avec l’homme, et arrive lorsque l'éleveur l’appelle.

Le sevrage aide à la socialisation du chiot avec ses congénères

Le sevrage n’a pas seulement un impact sur le comportement du chiot, mais aussi sur sa capacité à comprendre le langage corporel des autres chiens. En effet, les chiots doivent apprendre à interpréter correctement les signaux de leurs congénères, qu'il s'agisse d'apaisement, de critique ou d'encouragement.

Ce n'est qu'alors que le chiot n'ira pas trop loin avec les autres chiens adultes, et sera en mesure d'envoyer à son tour des signaux appropriés. Le sevrage n'a pas seulement un impact sur le plan corporel, il affecte aussi le ressenti et le comportement.

Ne séparez pas trop tôt le chiot de sa mère

De manière générale, il ne faut jamais enlever un chiot à sa mère avant qu’il ait atteint 8 semaines. Les chiots qui ont été enlevés trop tôt à leur mère ont souvent des problèmes de comportement plus tard. Ils réagiront mal si on leur refuse (ou leur retire) une récompense : ils réagiront alors en étant surexcité, ou agressif. Ces mêmes chiots auront souvent des difficultés avec les autres chiens. Des comportementalistes canins expérimentés pourront leur apprendre à faire face à la frustration et à mieux gérer leurs émotions, mais sans l’aide d’un professionnel, il y a très peu de chance que votre chiot devienne un chien adulte équilibré.

Conclusion

D’un point de vue légal, la loi française prévoit qu’un chiot doit rester un minimum de 8 semaines auprès de sa mère : il s’agit de mener à terme et de ne pas interrompre sa période de sevrage, et ce, même si sa mère ne l’allaite plus !

L’idéal pour séparer un chiot de sa mère est même d’attendre 3 mois pour qu’elle lui apporte tous les apprentissages de socialisation que l’homme ne pourra pas lui procurer. Le sevrage du chiot doit être effectué en douceur, sans précipitation, en respectant les différentes étapes. Finalement, au bout de 7 à 8 semaines, le chiot doit être capable de manger et boire seul, et de se passer totalement de lait maternel ou maternisé.