Votre chienne non stérilisée a eu ses chaleurs, présente certains symptômes de grossesse, mais elle ne s’est pas faite saillir ? Vous avez certainement à faire à une grossesse nerveuse du chien. Ce phénomène est relativement normal, car il se constate chez bon nombre de mammifères. Toutefois, la grossesse nerveuse est bien plus fréquente chez le chien que chez l’humain et toucherait en effet jusqu’à 50 % des chiennes en âge de se reproduire.

 

Qu’est-ce qu’une grossesse nerveuse chez le chien ?

La grossesse nerveuse n’est pas un phénomène propre aux chiens. En effet, elle se produit chez la plupart des mammifères. Son nom scientifique est le pseudocyesis,mais ce terme est bien moins utilisé que celui de grossesse nerveuse.

La grossesse nerveuse du chien se manifeste chez les chiennes non stérilisées après les chaleurs. Elles affichent alors un comportement et des réactions physiques s’apparentant à ceux des chiennes gestantes, sans pour autant avoir été fécondées.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une grossesse nerveuse du chien n’a pas de rapport avec ses nerfs : en réalité, la grossesse nerveuse de la chienne est due à un dérèglement hormonal.

Grossesse nerveuse du chien : causes

Une chienne en âge de procréer (de 6 à 24 mois selon les races) fait face à ses chaleurs tous les 6 à 7 mois qui durent en moyenne 3 semaines. Il faut savoir que la chienne ovule systématiquement à chaque cycle et qu’à la différence des autres mammifères, la production de progestérone augmente avant que l’ovulation ne se produise.

La chienne, fécondée ou non, entre ensuite en phase de metoestrus ou diestrus. Cette phase, qui dure environ deux mois, est caractérisée par le fait que le taux de progestérone reste élevé.

Une fois que le metoestrus se termine, le taux de progestérone dégringole, ce qui a pour conséquence de faire augmenter l’hormone responsable de la production de lait : la prolactine.

C’est en partie ce phénomène qui explique que les chiennes, pendant une grossesse nerveuse, produisent du lait, tout comme une chienne gestante.

Pour mieux connaître le cycle sexuel de votre chienne, nous vous recommandons de contacter votre vétérinaire. En effet, celui-ci pourra d’une part, établir un bilan de fertilité de votre chienne, et d’autre part mesurer le taux de progestérone présent dans le sang de votre chienne.

La grossesse nerveuse : un réflexe de meute ? Il est difficile d’expliquer les causes réelles d’une grossesse nerveuse. Certaines théories rapprochent celle-ci d’un mécanisme naturel et adaptatif. En effet, dans une meute de chiens, les cycles des chiennes sont synchronisés, ce qui permettrait d’assurer que les chiots nés de femelles ayant accouché mais ayant des troubles de la lactation, ne manquent pas de nourriture.

Symptômes de la grossesse nerveuse du chien

Les symptômes de la grossesse nerveuse du chien s’apparentent à ceux d’une gestation normale de la chienne. C’est pourquoi il est parfois difficile de savoir si votre chienne fait l’objet d’une grossesse nerveuse ou si elle est gestante, en particulier si son mode de vie lui permet d’aller dehors selon son bon vouloir et par conséquent, d’être en contact avec des mâles lorsqu’elle n’est pas sous votre contrôle.

Toutefois, certains symptômes permettent de reconnaître une grossesse nerveuse. Ils comprennent :

  • Un gonflement des mamelles : en effet, la production de prolactine lance le processus de lactation. Dans certains cas, un écoulement de lait plus ou moins important peut survenir.
  • Des léchages des mamelles : la production de lait et le lait stagnant peuvent créer des douleurs chez la chienne, qui aura pour réflexe de se lécher à cet endroit.
  • Des léchages de la vulve : nous l’avons vu, le corps de la chienne envoie des signaux erronés de gestation. La chienne va davantage se lécher au niveau de la vulve et pourra même parfois faire face à des contractions, comme si elle allait vraiment accoucher.
  • Une modification de l’appétit : la grossesse nerveuse chez la chienne peut avoir pour conséquence une diminution de l’appétit, voire un refus de s’alimenter.
  • La préparation d’un « nid » : ce phénomène est assez représentatif de la grossesse nerveuse de la chienne. La chienne va aller chercher tissus ou bouts de coussins et les apporter dans son panier ou sa niche pour se protéger des regards.
  • L’adoption d’objets de substitution : certaines chiennes iront jusqu’à trouver des peluches et à s’en occuper comme s’il s’agissait de leurs petits.
  • Des changements du comportement : l’apparition de nervosité ou de comportements anormaux chez votre chienne doivent retenir votre attention. Selon la chienne et sa personnalité en temps normal, elle pourra commencer à agir de manière inhabituelle. Par exemple, une chienne indépendante pourra rechercher l’attention de son maître, ou au contraire, une chienne très proche de son maître pourra avoir tendance à s’isoler.

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Durée de la grossesse nerveuse chez le chien

La grossesse nerveuse du chien peut être une période difficile à vivre pour la chienne comme pour ses propriétaires. En effet, si votre chienne a déjà fait une grossesse nerveuse, elle sera plus sujette à faire une rechute lors de ses prochaines chaleurs.

Heureusement, au bout d’une à deux semaines, parfois trois, les choses devraient rentrer dans l’ordre. Évidemment, si cela ne devait pas être le cas, nous vous invitons fortement à prendre rendez-vous avec votre vétérinaire qui sera à même d’identifier la cause du problème.

Comment réagir face à une grossesse nerveuse de votre chienne ?

Les grossesses nerveuses ont un impact sur le bien-être de votre chienne comme sur sa santé : les chiennes ayant tendance à faire des grossesses nerveuses ont de plus grands risques de développer des troubles de la santé notamment liés à l’appareil reproducteur, tels que des infections utérines, des inflammations ou des abcès de la mamelle, voire à plus long terme, des tumeurs mammaires.

Il n’y a malheureusement pas grand chose à faire lorsque votre chienne fait face à une grossesse nerveuse.

Toutefois, vous pouvez veiller à ne pas renforcer le comportement maternant de votre chienne. Si elle a adopté une peluche et s’en occupe comme s’il s’agissait de l’un de ses petits, il convient par exemple de lui retirer.

Lui accorder plus de temps pour les sorties et les jeux peut également avoir un effet bénéfique, et si elle a tendance à trop montrer son affection, ne vous laissez pas perturber et repoussez-la.

Vous pouvez également limiter l’accès à son nid, afin de lui faire penser à autre chose.

D’un point de vue physiologique, ne touchez pas les mamelles de votre chienne dans l’espoir de la soulager. De même, veillez à ce qu’elle ne se lèche pas trop, car cela pourrait renforcer encore davantage la production de lait.

Grossesse nerveuse du chien : traitement

Que faire face à une grossesse nerveuse de votre chienne ? Dans un premier temps, il convient évidemment de l’amener chez le vétérinaire, qui pourra alors l’examiner.

Il s’agira tout d’abord de s’assurer qu’il s’agit bien d’une grossesse nerveuse. En effet, certains symptômes de la grossesse nerveuse étant très proches de ceux d’une réelle grossesse, il faut d’abord écarter cette hypothèse. Une échographie peut être réalisée à partir du 21e jour présumé de gestation. Une radiographie (possible à partir du 45e jour) permettra également de mettre en évidence une grossesse éventuelle de votre chienne.

Inhibiteurs de prolactine

S’il est établi qu’il s’agit d’une grossesse nerveuse et que votre chienne n’est pas gestante, on pourra alors administrer à la chienne un inhibiteur de la sécrétion de prolactine, l’hormone responsable de la production de lait chez la chienne.

Le traitement dure environ une semaine, parfois un peu plu et a pour but de mettre fin à la lactation et d’ainsi soulager votre chienne.

Grossesse nerveuse chien : homéopathie

Vous souhaitez soulager votre chienne en lui offrant un traitement naturel : les symptômes de la grossesse nerveuse pourraient être soulagés par la fève de Saint-Ignace (Ignatia amara), qui a un effet tranquillisant sur les chiens. Toutefois, consultez un vétérinaire homéopathe avant d’administrer quoi que ce soit à votre chienne. En effet, seul un spécialiste pourra vous indiquer la meilleure approche à adopter.

Comment éviter une grossesse nerveuse du chien : la stérilisation

Le seul traitement préventif et définitif de la grossesse nerveuse chez le chien est la stérilisation. En effet, celle-ci présente de nombreux avantages, outre le fait d’éviter des grossesses non désirées, et permet ainsi de prévenir les effets indésirables des grossesses nerveuses chez la chienne :

  • Suppression totale des chaleurs de la chienne : la chienne stérilisée n’est plus en mesure de se reproduire, et la stérilisation a pour effet de supprimer ses chaleurs, et donc, tous les signes qui lui sont associés. Elle n’est donc plus sujette aux saignements, son comportement est plus stable et elle ne recherche plus autant le contact des mâles.
  • Prévention des effets secondaires des grossesses nerveuses : la stérilisation permet d’éviter à votre chienne de développer des infections de l’utérus liées aux grossesses nerveuses, en particulier, un pyomètre, qui est une pathologie grave. Par ailleurs, les chaleurs n’ayant plus lieu, les lactations liées aux grossesses nerveuses qu’elle a pu connaître disparaissent également. Enfin, nous l’avons vu, les grossesses nerveuses favorisent les affections des mamelles, notamment les cancers mammaires. Une stérilisation aura un effet sur la prévention des cancers mammaires. Toutefois, plus elle a lieu tôt, plus elle sera efficace. En effet, le risque passe de 0,5 % lors d’une stérilisation lors du premier cycle à 26 % si celle-ci est effectuée après le deuxième cycle.

Nombre de propriétaires sont confrontés aux grossesses nerveuses de leur chienne. Ce dérèglement hormonal, s’il n’a pas trop d’incidence sur la qualité de vie de la chienne comme sur celle du maître n’est donc en théorie pas trop grave. Dans le cas contraire, des solutions existent, et les symptômes peuvent être traités. Pour éviter une grossesse nerveuse de votre chienne ou toute récidive, la stérilisation est conseillée. N’hésitez pas à en parler avec votre vétérinaire.