Nombreux sont les cavaliers propriétaires à en rêver : avoir son cheval au pré, rien que pour soi. Quoi de mieux pour votre compagnon équidé que d’être en extérieur, dans son environnement naturel, avec tout le loisir de brouter la riche pâture de la prairie qui l’héberge. Cette vision idyllique doit être cependant balancée avec la réalité du terrain, et vous allez le voir, il y a de nombreux éléments à prendre en compte avant d’avoir un jour votre cheval dans un pré. De la surface du terrain à la pâture des chevaux, en passant par le choix du pré et son entretien, nous vous expliquons tout ci-dessous.


Surface pour un cheval, usage et nourriture au pré

Combien de terrain pour un cheval ?

De quelle surface allez-vous avoir besoin pour garder votre cheval au pré ? C’est une question essentielle, car au moment de rechercher le pré, il faudra connaître la superficie désirée pour orienter vos recherches. De manière globale, il est d’usage de compter une surface d’un hectare par cheval, soit 10.000 mètres carrés, dans une zone où l’herbe est disponible en masse. Si vous vous trouvez dans une région plus aride, comme le sud de la France par exemple, il faudra vraisemblablement multiplier cet ordre de grandeur par huit, voire dix, pour que votre cheval ait suffisamment de pâture à disposition pour se nourrir.

Outre l’approvisionnement en herbe, les chevaux ont besoin de suffisamment d’espace pour se dépenser et courir en toute liberté. Ils aiment les grands espaces : vous verrez la joie qu’ils éprouveront quand vous les mettrez pour la première fois au pré.

 

Usage permanent ou par intermittence ?

Les dimensions du terrain dépendent aussi de son usage.

Souhaitez-vous mettre votre cheval au pré pendant la journée pour qu’il se dégourdisse et le ramener au box le soir ? Ou bien au contraire, le laisser au pré en permanence ? Et ce seulement en été, ou également en hiver ?

Un quadrupède qui rentre au box le soir et reçoit des concentrés alimentaires en supplément, aura un besoin nutritionnel inférieur à celui d’un cheval dont la seule source d’approvisionnement alimentaire est la pâture. C’est en fonction des besoins nutritionnels que la surface d’un hectare est calculée, car elle est, théoriquement,en mesure de donner à votre cheval la possibilité de se nourrir en toute autonomie !

Quelle nourriture au pré ?

Tout d’abord, il faut se méfier de l’herbe très riche en azote au début du printemps : elle peut être à l’origine de fourbures ainsi que de coliques. Globalement, il faut prévoir une mise au pré progressive (sur 8 à 10 jours) pour habituer le système digestif de votre équidé à ce nouveau régime alimentaire, particulièrement s’il se trouvait au box pendant la saison froide.

De plus, en hiver, il y a fort à parier que l’herbe seule de la parcelle ne suffise pas à combler ses besoins ; d’autant plus qu’un cheval a tendance à manger en quantité plus importante quand il fait froid. Cela peut également être le cas en été si l’herbe est trop rare ou si la surface du champ n’est pas assez grande.

Il faut alors penser à des solutions de compensation : l'approvisionner avec du foin et des concentrés en supplément. Vous verrez à quel point votre cheval sera heureux de vous accueillir quand il vous verra approcher avec vos seaux de nourriture.

Des aliments calibrés pour votre cheval au pré


Cheval au pré : un animal social

Cheval seul au pré ?

Le cheval est un animal grégaire : il aime la compagnie. Ce dernier s'accommode très mal de vivre seul sur un hectare. Certes, vous rêvez d’ouvrir la fenêtre le matin et d’apercevoir votre monture dans le pré hennissant de plaisir à votre vue. Mais la réalité sera moins sympathique pour votre cheval : isolé car sans compagnon, il sera malheureux.

À deux minimum

Faites en sorte qu’il soit au moins avec un autre animal, et si ce n’est pas un cheval, cela peut tout à fait être un âne, des cochons ou des chèvres. Mais s’ils sont deux chevaux, il faudra envisager idéalement une superficie de deux hectares.

Néanmoins, ils peuvent résider à deux sur un hectare. Dans ce cas, il faudra alors leur fournir du fourrage ou des aliments concentrés en supplément, car ils n’auront pas assez de l’herbe du pré pour se nourrir.

Optimiser la parcelle

Si vous avez une surface suffisamment grande, vous pouvez par exemple installer un fil pour séparer le pré en deux parcelles : vos chevaux resteront alors dans la première moitié et pourront paître à volonté. Pendant ce temps, l’herbe de l’autre moitié repoussera. Ensuite, vous alternerez et passerez les deux chevaux sur l’autre moitié, pour laisser le temps à cette surface de se reconstituer. Mais ne laissez pas vos chevaux plus de 15 jours sur la même parcelle.


Trouver le pré idéal

Comment choisir le bon terrain ?

Comment choisir le terrain adéquat pour accueillir votre quadrupède ?

Il y a déjà certains critères d’exclusion à respecter : évitez un terrain trop pentu, dans lequel un vieux cheval aurait du mal à se déplacer ou pourrait glisser par exemple, ainsi que des sols boueux ou marécageux, qui favorisent entre autres la gale de boue.

Puis d’un point de vue pratique, choisissez un endroit qui n’est pas trop éloigné de votre domicile, car vous irez le voir quotidiennement. Au delà de 10 kilomètres de distance, les allers retours vous coûteront du temps. Visez, si possible, un terrain à proximité immédiate de sentiers pour partir en balade avec votre monture ; vous pourrez ainsi joindre l’utile à l’agréable. Et si vous envisagez de prendre des cours en centre équestre, il faudra investir dans un van ou une remorque pour l’y transporter : dans ce cas, ne vous éloignez pas trop du centre équestre le plus proche !

Cheval en train de paître dans un champ
Au pré, votre cheval ne manque pas d'herbe fraîche

L’eau pour le cheval au pré

Un cheval boit en moyenne entre 30 et 40 litres d’eau par jour (plus lors de fortes chaleurs). C’est un point critique pour votre cheval : il doit disposer d’une source d’eau propre à volonté, facilement accessible sur la parcelle.

Le transport des bidons d’eau sur la parcelle est contraignant : les mettre dans la voiture ou la remorque, les décharger et remplir l’abreuvoir n’est pas des plus plaisants. Et cette corvée d’eau nécessite de l’assiduité pour abreuver vos chéris. Ainsi, nous vous recommandons de faire la demande d’un compteur d’eau pour vous faciliter la vie et bénéficier d’eau sur place. Vous pourrez alors remplir et nettoyer l’abreuvoir, mais aussi rincer les membres de vos chevaux et passer le jet dans le rond de longe quand le terrain est trop sec.


Installations à prévoir sur le pré

L’abri de pré pour cheval et la cabane

Un abri de pré pour chevaux est peut-être la plus indispensable des installations. Votre cheval pourra s’y abriter pour se mettre à l’ombre, éviter les mouches et autres taons qui l’importunent et se protéger des intempéries.

N'oubliez pas également d'installer une cabane pour stocker le foin et ranger matériel et outils pour l’entretien du champ et des chevaux. Assurez-vous qu’elle ferme à clef pour vous protéger du vol !

Rond de longe, poutre et râtelier à foin

Il n’y a pas que le farniente dans la vie : installez leur ronde de longe pour que les chevaux puissent travailler. Il faudra alors choisir un diamètre de 15, 18 ou 20 mètres suivant leur gabarit et les allures que vous souhaitez travailler. De même, vous pouvez installer une poutre pour y attacher vos chevaux, ainsi qu’un râtelier à foin pour l’apport en fourrage.

Comme vous l’imaginez, toutes ces installations vont vous demander du travail pour leur mise en place et leur entretien !

Clôturer un pré pour chevaux : obligatoire

Vous ne souhaitez aucunement que votre animal s’échappe de la parcelle, crée un accident ou soit blessé dans sa cavale. Installez donc des clôtures autour de votre prairie : vous pouvez opter pour des rubans ou des fils. De plus, en ajoutant un électrificateur pour disposer de clôtures électriques qui dissuaderont votre animal de toute tentative de fuite. Il existe différents systèmes : à pile, à batterie, solaire ou sur secteur (même s’il y a peu de chances que cette dernière option soit possible dans le champ…). Mais surtout, bannissez les barbelés qui peuvent blesser votre cheval !

 


Pour le bon entretien du pré et des installations

Entretien du champ

Cela peut, à première vue, sembler poétique d’avoir son cheval au pré, mais la réalité est tout autre. À la différence du chien, votre équidé n’est pas propre et ne vous attendra pas pour faire ses besoins. Il va donc falloir vous habituer à ses crottins, entretenir le champ et déblayer le fumier...

Outre l’évacuation du fumier, il faudra désherber, enlever les plantes toxiques comme le séneçon de Jacob, ainsi que les ronces qui poussent sur le terrain, et re-semer l’herbe là où elle est piétinée.

Prenez garde également à bien couper les herbes qui poussent sous les fils des clôtures électriques…

Entretien des installations

Par ailleurs, outre l’entretien du champ, il faudra s’occuper des installations : l’abreuvoir doit rester propre, et l’abri de pré du cheval, être curé régulièrement.


Mettre son cheval au pré

Cheval au pré : conseils pour son entrée

Ne soyez pas trop pressé, il ne sert à rien de vouloir accélérer son entrée.

S’il y a déjà plusieurs chevaux dans le pré en question, assurez-vous que la surface est suffisante pour que l’entrée de votre cheval se fasse en douceur, sans que les animaux soient trop à l’étroit.

Vous pouvez par exemple commencer en mettant un fil pour séparer le champ : votre animal fera ses premiers pas avec ses congénères dans un milieu sécurisé. Ils auront alors tout le loisir de se rapprocher à leur guise et à leur rythme. Soyez aux aguets car les chevaux sont parfois très durs avec leurs semblables : ils peuvent les empêcher de boire, manger ou encore les mordre ou les botter. Pensez donc à vérifier que les chevaux sont bien déferrés des postérieurs, car un coup de pied ferré serait encore plus fatal.

Cheval plein d’énergie en train de galoper sur la prairie
Au pré, votre cheval a de l'espace pour s'exprimer

Précautions sanitaires initiales

Avant de mettre votre cheval au pré, vérifiez que ses vaccinations contre le tétanos et la grippe sont bien à jour.

Par ailleurs, faites le vermifuger idéalement trois jours avant son arrivée au pré. Sinon, vous prenez le risque qu’il contamine la prairie avec ses crottins et infecte ses compagnons de pâture.


Conclusion

Avec un cheval au pré, il vous sera beaucoup plus compliqué de partir en vacances, à moins que vous ne connaissiez une personne de confiance à proximité qui puisse prendre le relais lors de vos absences. Par ailleurs, ne sous-estimez pas l’engagement qui en résulte. Pour en prendre toute la mesure, prévoyez une disponibilité de deux heures par jour. Enfin, soyez conscient que cela changera beaucoup vos habitudes prises au centre équestre et que vous pourrez ressentir de l’isolement. Attendez-vous à des moments difficiles, mais rappelez-vous que c’est le prix de la liberté !