Les coliques sont redoutées par tous les propriétaires de chevaux, car elles ne provoquent pas seulement de fortes douleurs chez le cheval, mais peuvent aussi être mortelles. 

Quasiment tous les chevaux ont des coliques au moins une fois dans leur vie, certains d'entre eux y sont souvent sujets. Sous le terme “colique du cheval”, on entend non une maladie spécifique mais un ensemble de symptômes qui se réfèrent à différentes maladies du tractus gastro-intestinal. Alors quels sont les causes et les symptômes de la colique ? Que faire quand votre cheval montre des signes de colique ? Et comment la prévenir ? Nous répondons à toutes vos questions dans cet article.


Qu’est-ce qu’une colique du cheval ?

Quand on parle de "colique", il s’agit d’une douleur dans la cavité abdominale du cheval.

Cette douleur peut avoir différentes causes et être localisée dans différents organes tels que :

  • les intestins : crampes intestinales (coliques "spastiques"), constipation, flatulences, obstruction intestinale...
  • l’estomac : ulcères d'estomac, surcharge gastrique...
  • la vessie, les reins, les ovaires, le péritoine, les voies biliaires ou les vaisseaux sanguins.

Mais il existe aussi d'autres maladies et états de santé qui peuvent s'accompagner de symptômes de type “colique” : par exemple une naissance ou des problèmes circulatoires... Alors comment reconnaître de manière fiable une colique, et comment réagir correctement dans les cas suspects ?


Les symptômes de la colique du cheval

Il faut distinguer les signes de coliques légères, des coliques sévères. Voici quelques indications pour faire la différence.

Signes de coliques légères

Le cheval gratte et tape le sol avec ses sabots avant, se regarde le ventre, se donne des coups de pied, se mord le ventre, s'étire comme s'il allait uriner, est agité, se couche et se relève souvent. Ces symptômes vont en s'aggravant au fur et à mesure que la colique progresse.

Signes de coliques sévères

Le cheval transpire, se roule sur le sol, s'assoit en position de “chien assis”, s’allonge sur le dos, n’arrive pas à se lever, respire très rapidement (le rythme respiratoire normal est de 8 à 20 respirations par minute), a un pouls plus rapide (supérieur à 52 battements par minute), ses gencives et ses yeux sont de couleur rose foncé.


Quelles sont les causes de coliques chez le cheval ?

De nombreux facteurs peuvent déclencher une colique et il est souvent quasi impossible d'en déterminer la cause exacte. Cela peut sembler surprenant, mais le système digestif du cheval est plutôt mal adapté à ses fonctions et les coliques sont un problème courant chez les équidés…

La principale raison de la forte sensibilité des chevaux aux coliques est dû à la longueur et à la sensibilité de leur appareil digestif. Celui-ci se compose d'un estomac de petite taille, d'un très long intestin grêle et d'un gros intestin très volumineux. Le cheval ne peut pas vomir et son petit estomac est vite surchargé.

De plus, les intestins des chevaux étant relativement mobiles, il leur est ainsi facile de se tordre ou de se bloquer.

Les coliques peuvent être causées par des modifications récentes, par exemple : un changement alimentaire, l’arrivée dans une nouvelle écurie, une nouvelle litière

des habitudes d'équitation différentes...

Certaines circonstances peuvent rendre un cheval plus sensible aux coliques, telles que des problèmes dentaires, une vermifugation ou des hernies scrotales chez les jeunes étalons.

 

 


Que faire quand mon cheval montre des signes de colique ?

Si votre cheval présente des signes de coliques, la première chose à faire est d’appeler votre vétérinaire.

En attendant qu’il arrive, voici quelques mesures qui peuvent aider à soulager la colique ou à faire patienter votre cheval jusqu’à son arrivée :

  • Retirez-lui toute nourriture ou paille, mais laissez-lui de l’eau à disposition. Et surveillez le bien ! Nous vous conseillons de prendre sa température, son pouls et sa fréquence respiratoire toutes les demi-heures et de noter ces valeurs par écrit.
  • Parfois il est utile de faire marcher votre cheval lentement pendant cinq minutes, toutes les demi-heures par exemple. L'exercice favorise à la fois la motricité intestinale et son transit digestif, en limitant les risques de torsions d’organes. Cela aide votre cheval à se détendre.
  • Vérifiez le box de votre cheval. Retirez tous les objets au sol qui pourraient le blesser s’il se roule par terre. Vous pouvez aussi répandre des copeaux sur le sol.
  • Dans le cas où les coliques s'aggravent et qu’il commence à se rouler par terre, vous devez immédiatement appeler votre vétérinaire. À ce stade, vous pouvez encore essayer de l’empêcher de se rouler par terre en le faisant marcher. Si vous n’y parvenez pas, il (et vous aussi!) sera plus en sécurité s'il se roule dans son box plutôt que dans la cour.
  • Ne lui administrez en aucun cas des médicaments (vermifuges ou autres) de votre propre chef : attendez les instructions de votre vétérinaire. Les médicaments peuvent dissimuler les symptômes et empêcher d’obtenir un diagnostic précis.


Que va faire le vétérinaire ?

Votre vétérinaire vous interrogera sur les causes possibles des coliques et sur les conditions générales de vie de l’animal. Il peut vouloir observer votre cheval dans son box, car certains chevaux ne présentent pas de symptômes lorsqu’ils sont tenus par leur propriétaire. Il mesurera ensuite la température, le pouls, la respiration... Pour certains examens complémentaires, il peut être nécessaire d'administrer un sédatif à votre cheval.

Le vétérinaire va ausculter les quatre cadrans au niveau du flanc avec un stéthoscope à la recherche de bruits intestinaux anormaux. Pour pratiquer cet examen, le vétérinaire aura besoin d’un environnement calme !

Votre vétérinaire peut insérer un tube en plastique par les narines du cheval (sondage naso-gastrique) et le pousser dans l'œsophage puis dans l'estomac pour effectuer une vidange s'il y a du gaz, du liquide ou de la nourriture. Comme les chevaux ne peuvent pas vomir, il est important que les gaz ou liquide piégés puissent s'évacuer de cette façon, pour éviter que l’estomac ne se rompe du fait de son petit volume.

Votre vétérinaire peut également effectuer, après tranquillisation du cheval, un examen de palpation transrectal qui, bien qu’il ne puisse accéder à seulement 30 à 40 % de l'intestin, lui fournira des informations précieuses sur la cause des coliques (éventuel bouchon de paille ? ou déplacement d’une portion d’intestin ?)

Votre vétérinaire peut également faire un prélèvement sanguin afin de déterminer un degré éventuel de déshydratation.

Il peut aussi vouloir examiner le liquide péritonéal. Ce liquide est généralement un liquide clair et jaune pâle qui permet aux intestins de glisser les uns sur les autres dans l'abdomen. Votre vétérinaire prélèvera un échantillon de ce liquide en insérant une aiguille dans la partie inférieure de l'abdomen (ponction abdominale). Chez certains chevaux souffrant de coliques, le liquide péritonéal est altéré.

Ces examens sont nécessaires pour estimer la gravité des symptômes et déterminer le traitement approprié. Ces examens peuvent être effectués facilement et ne génèrent pas de douleur au cheval.

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Que va-t'il se passer pour mon cheval ?

Sur la base des résultats de l'examen, votre vétérinaire décidera de la meilleure méthode thérapeutique. Soit il administrera des médicaments à votre cheval, soit il vous conseillera de l'emmener dans une clinique.

Si la colique est légère et que votre vétérinaire décide de la traiter par des médicaments, vous devrez contrôler régulièrement votre cheval pour vous assurer que la colique est bien réduite, ou complètement arrêtée.  Après une heure environ, votre cheval devrait se sentir mieux. S'il continue à présenter des symptômes de coliques, rappelez votre vétérinaire.

En revanche, si votre vétérinaire estime qu'une intervention chirurgicale est nécessaire, votre cheval devra être conduit dans une clinique vétérinaire. Il se peut qu’elle soit très éloignée ; il sera alors nécessaire de donner à votre cheval des analgésiques ou des sédatifs pour le transport.


Mon cheval va à la clinique : va-t-il être obligatoirement opéré ?

Non, il ne sera opéré que si nécessaire. Dans une clinique, un diagnostic plus complet et précis peut souvent être posé sur la colique. Par conséquent, des mesures thérapeutiques spécifiques et adaptées sont mises en œuvre. De nombreuses formes de coliques peuvent très bien être traitées avec succès de manière conservatrice, par exemple en administrant au cheval de grandes quantités de liquides par perfusion. Il est néanmoins important que le cheval soit amené rapidement à la clinique. Cela augmente considérablement ses chances de guérison, tant pour les cas où il faudra opérer que pour les cas plus conservateurs. À moins qu'un diagnostic fiable et rapide puisse être établi et que la forme de colique diagnostiquée puisse être traitée en ambulatoire, un cheval souffrant de coliques qui n'est pas guéri après la première visite du vétérinaire est généralement un patient pour la clinique.


Comment prévenir les coliques du cheval ?

Il faut savoir que les chevaux sont susceptibles d'avoir des coliques en raison de l'anatomie de leurs intestins et du fonctionnement particulier de leur tube digestif. Bien que certaines coliques ne puissent pas être évitées, il existe certaines mesures qui en réduisent le risque.

Le foin, excellent pour son bien-être digestif

La ration alimentaire du cheval doit contenir suffisamment d'aliments riches en fibres brutes comme le foin et la paille. En effet, le cheval dispose d’une flore intestinale naturellement conçue pour digérer le foin, qui constitue avec les autres types de fourrage un excellent moyen de prévention des maladies gastro-intestinales.

Avant d'avaler une bouchée de foin, le cheval va la mâcher environ 36 fois. Pour l'avoine en revanche, en une fois, il avale le double de la quantité de foin, en ayant effectué en moyenne seulement douze mouvements de mastication. Il en va de même pour les aliments concentrés qu’il aura tendance à moins mâcher. Il faut savoir que la mastication favorise la production de salive (début de tout processus digestif), et permet ainsi une bonne digestion.

N’abusez pas des aliments concentrés !

Dans le cas d'aliments faciles à absorber, que le cheval peut avaler rapidement sans trop mâcher (aliments concentrés en granulés, céréales, mais aussi l’herbe ou le foin coupé court), s’il y a surdosage, le risque de blocage de l'œsophage, de surcharge de l'estomac ou même de constipation apparaîtra.

Ainsi, n’abusez pas des aliments concentrés : donnez-les en petites quantités réparties au cours de la journée (en au moins trois repas). Rappelez-vous que le cheval doit toujours être nourri en commençant par le foin, puis avec les aliments concentrés. Retenez que les chevaux ont besoin d'un accès continu à une source d'eau douce.

Par ailleurs, ne laissez pas votre cheval sans manger pendant plus de quatre à six heures. Pour empêcher la prise de repas trop rapides et prolonger son temps d'alimentation, vous pouvez utiliser des filets à foin, à mailles serrées idéalement. Bien entendu, vous ne lui fournirez que des aliments d’excellente qualité, exempts de poussière et de moisissure...

Faites contrôler ses dents

Il est également particulièrement important de faire vérifier régulièrement les dents de votre cheval. Et oui, la digestion commence par la mastication des aliments !

Visuellement, les excréments de votre cheval fournissent à eux seuls des informations sur sa bonne santé digestive et l’assimilation de la nourriture dans ses intestins. Les crottins doivent être bien compacts, lisses, brillants, de couleur marron et sans odeur désagréable. Des morceaux de plus de 2 centimètres de long indiquent que le cheval n'absorbe pas sa nourriture correctement : vérifiez alors ses dents ! Par ailleurs, vous ne devriez pas trouver de fibres de pailles dans ses crottins.

Votre cheval doit bouger !

Votre cheval n’est pas fait pour rester dans son box : faites le bouger aussi régulièrement que possible. Ceci dit, les modifications de l'intensité de son travail doivent être effectuées progressivement sur une période de deux semaines.

Par ailleurs, essayez d’offrir chaque jour à votre cheval la même routine ; et évitez lui les changements soudains, surtout s’il se trouve temporairement dans une écurie étrangère. Réduisez lui au maximum les situations stressantes : évitez les longs trajets en remorque et trop de participations à des tournois au cours d'une saison… Et surtout, offrez-lui suffisamment d'espace et d'exercice !