Il existe dans le monde plus de 45 races de chevaux de trait, dont 9 en France. Ces chevaux lourds à la morphologie puissante et trapue ont été un compagnon de qualité de l’homme comme chevaux de travail : pour l’aider à transporter personnes et marchandises, mais aussi pour le labour des surfaces agricoles. Vous connaissez certainement les Percherons et les Comtois... Dans cet article, nous allons vous faire découvrir les neuf races françaises de chevaux de trait.


Qu’est-ce qu’un cheval de trait ?

Étymologiquement, un cheval de trait est le nom donné à tout cheval qui est utilisé pour tracter, et ce peu importe sa race. Ainsi, en France de même qu’en Belgique ou aux États-Unis, certaines races de chevaux spécifiques ont été sélectionnées afin de venir en aide aux hommes dans des activités comme le transport de matériel militaire, l’agriculture ou encore pour transporter les voyageurs et les marchandises.

 


Histoire des chevaux de trait

Quelques usages célèbres en France

Les chevaux de trait font partie intégrante de l’histoire française. Par exemple, les Cobs normands étaient les chevaux carrossiers, c’est à dire utilisés pour le transport des véhicules légers de transport (omnibus) ou les chevaux de poste, tandis que les chevaux de trait boulonnais, les fameuses “mareyeuses”, étaient chargés du transport du poisson de Boulogne sur Mer à Paris, et que les Percherons étaient utilisés pour l’attelage urbain nécessaire au transport des marchandises et des personnes.

Pour le transport et le travail agricole

Les chevaux de trait ont longtemps été utilisés dans les champs : le monde de l’agriculture ayant découvert outre la puissance et la docilité de cet animal un avantage en termes de maniabilité par rapport au bœuf. Ainsi, dans les années qui suivent 1900, on recense plus de 3 millions de chevaux tractionnaires sur le territoire… Rien qu’à Paris, il y avait en 1892 plus de 80.000 chevaux dédiés au transport pour tirer les omnibus et les tramways.

Le déclin du cheval de trait

Mais le cheval de trait commença à décliner dès la fin du XIXème siècle avec l'apparition du train, du réseau de chemin de fer, puis de l'électricité. L'invention du moteur à combustion fut le coup de grâce pour cet animal.

Il fut toujours utilisé pour le travail au champ, jusqu’à l’apparition et le développement du tracteur dans les années 1950 qui donnera le coup de grâce au cheval de labour.


Neuf races de cheval de trait en France

Il existe un total de 9 races de chevaux de trait encore présentes sur le territoire français. Cela constitue un héritage fort de notre pays en termes de patrimoine génétique, même si certaines de ces races ont vu leurs effectifs baisser considérablement ces dernières années, évitant parfois de très peu l’extinction. Par ailleurs, le profil de certaines races s’est transformé au cours des années : elles ont été rendues plus lourdes en poids au vu des débouchés pour la consommation alimentaire. Voici un aperçu des différentes races de chevaux de trait français.

L’ardennais

Ces chevaux ardennais sont populaires dans le quart Nord-Est de la France (ils portent le nom de la région Ardenne), ainsi qu’en Belgique et au Luxembourg. Le trait ardennais était autrefois utilisé dans les mines du Nord de la France, mais de façon générale servait pour l’agriculture ou la guerre. L’ardennais est connu comme un cheval fort, endurant, docile, rustique, avec une grande capacité d’adaptation. Il est utilisé actuellement pour une large gamme d’activités en ville comme à la campagne : l’attelage, le débardage forestier, la vigne ou le maraîchage.

L’auxois

Le trait auxois est le résultat du croisement d’une jumenterie bourguignonne de chevaux locaux avec des étalons Ardennais, et notamment des Traits du Nord ; au XIXème siècle l’espèce s’est vu enrichie par l’utilisation de Boulonnais et de Percheron. Très proche du type ardennais, le cheval auxois est une vraie perle rare car connu et reconnu pour son endurance, sa puissance, son calme, sa tranquillité ainsi que sa coopération. Il est utilisé de nos jours pour la traction, pour l’agriculture, le débardage forestier ou le tourisme attelé.

Le boulonnais

Le cheval de trait boulonnais a la réputation d’être le pur sang des chevaux de trait. Originaire du bas boulonnais, dans l’ouest du Pas-de-Calais, il s’est imprégné de sang oriental, lors des croisades, de l’occupation espagnole ou encore sous le Premier Empire. On en distingue deux types : le Grand Boulonnais, un grand cheval puissant qui a servi au XIXème siècle à travailler les terres à betteraves et à leur transport, ainsi que le Mareyeur, ou Petit Boulonnais, un cheval endurant et léger très apprécié au XVIIème et XVIIIème siècle pour la Marée, c’est à dire pour le transport rapide du poisson entre Boulogne sur Mer et Paris. Traditionnellement, la robe des boulonnais est de couleur gris-blanc : elle permettait de les identifier plus facilement de nuit sur la fameuse route du poisson ! Ainsi, selon une expression du Pas de Calais, ce cheval a les couleurs des nuages de la côte. Calme, docile et plein d’énergie, le trait boulonnais est de nos jours essentiellement utilisé pour la traction utilitaire et de prestige, où il se distingue grâce à son allure et son élégance, ainsi que pour la monte et le débardage.

Deux magnifiques chevaux de trait au repos dans une prairie
Toute la beauté brute alliée la puissance des chevaux de trait

Le breton

Ce petit soldat originaire de Bretagne, à la robe souvent alezane ou aubère, est le fruit d’un long travail de sélection élaboré à partir de diverses races de chevaux indigènes. Une réussite notoire est la naissance du postier breton grâce à l’apport de sang d’étalons Norfolk. Globalement, le trait breton est connu comme étant résistant, énergique et docile. Il est actuellement utilisé pour l’attelage de loisir ou de compétition où il convainc grâce à ses allures énergiques, ainsi qu'en agriculture, plus particulièrement pour des travaux de précision dans les cultures légumières. En 2012, les effectifs des Bretons formaient quasiment un tiers de l’effectif total de chevaux de trait recensés en France, juste derrière les Comtois.

Le cob normand

Le Cob Normand à la robe alezane, baie ou noire pangarée est un cheval de trait rustique au squelette fin. Son origine n’est pas à différencier de celle du Carrossier jusqu’à la moitié du XXème siècle. Il descend de la même jumenterie d’où proviennent, après l’importation de Norfolk d’Angleterre, les Anglo-Normand qui vont se différencier entre le réputé Selle français, le Trotteur français et le Carrossier, qui deviendra par la suite le Cob Normand. C’est un cheval volontaire, énergique, rapide dans ses allures et connu pour sa souplesse. De nos jours, il est essentiellement utilisé pour l’équitation de loisir et l’attelage de loisir ou de compétition, où son allure et sa finesse sont prisées.

Des aliments de haute qualité pour des chevaux de trait performants

Le comtois

Le trait comtois est le cheval de trait par excellence et surtout la première race de chevaux de trait en France en effectif : cette race représentait 37% du cheptel de chevaux de trait français en 2012. Les origines du Comtois sont à chercher en Franche-Comté, du côté des chevaux importés par les Burgondes au Vème siècle provenant de la grande “race germanique”. Sa touche distinctive provient également des étalons orientaux lors de l’occupation espagnole de la région. Ces chevaux comtois à la robe foncée ou cuivrée et aux crins lavés sont connus pour leur douceur, leur générosité et leur bravoure ainsi que pour leur faculté à s'adapter à tous les climats. De nos jours, ils sont principalement utilisés pour l’attelage, les travaux de la vigne, l’agriculture et le débardage en forêt.

Le mulassier poitevin

Le Trait poitevin est une race malheureusement particulièrement menacée. “Fils des vents marins, de la terre et des eaux”, ce cheval de grande taille à la robe isabelle, grise ou noire tire ses origines du Marais du Bas Poitou dès le XVIème siècle où la race est le fruit d’une longue sélection naturelle s’étendant sur plusieurs siècles. Elle provient de chevaux élevés librement dans l’Ouest atlantique : les juments avaient été croisées avec des étalons Brabançons, chevaux accompagnant les ingénieurs hollandais venus pour rehausser le marais poitevin à la demande du roi Henri IV en 1599.

Le mulassier poitevin est un cheval calme, élégant, docile, fortement charpenté, robuste et bien adapté aux zones humides. De nos jours, il est de plus en plus utilisé pour l’attelage de loisirs, mais aussi pour la monte, la randonnée, le travail agricole traditionnel, la traction, le maraîchage, le débardage, le portage, de même que pour la production de la mule poitevine.

Le percheron

Le Percheron est le plus connu des chevaux de trait français, en France mais aussi à l’échelle internationale. On le distingue sous deux types : le Trait et le Diligencier. En ce qui concerne ses origines, le processus de sélection eut recours à plusieurs reprises à des étalons arabes, ce qui fait dire que le Percheron est un arabe alourdi par le climat des latitudes nationales ainsi que par le spectre des services pour lesquels on l’a utilisé, ceci sur des siècles de sélection. Il peut peser de 500 à 1200 kilos pour une taille au garrot comprise entre 155 et 185 centimètres. Les chevaux percherons sont connus pour leur esthétisme, leur gentillesse, leur force et leur puissance. De nos jours, le Trait percheron est utilisé pour l’agriculture, la traction ou l’attelage du fait de toutes ses qualités. Par ailleurs, de nombreuses collectivités ont recours à eux pour les travaux urbains : ramassage scolaire, collecte des déchets, entretien des espaces verts.

Des chevaux de trait en train de tracter une calèche
Les chevaux de trait ont longtemps servi de moyen de locomotion

Le trait du nord

Longtemps appelé sous le nom de Trait Ardennais du Nord, ce n’est qu’en 1910 qu’il prend son autonomie avec la dénomination Trait du Nord. Il fait partie des plus grands chevaux de trait avec une taille au garrot allant jusqu’à 1,90 mètres ! Il n’y a guère que le Shire (cheval de trait britannique surnommé le “gentil géant”) qui fasse mieux.

Il a hérité du Trait Belge qui lui a procuré poids, taille et force supplémentaire, ainsi que du Boulonnais qui l’a rendu plus élégant et plus nerveux. Le Trait du Nord est un cheval réputé gentil, doux, vigoureux, énergique et résistant. De nos jours, il est utilisé entre autres pour les travaux des champs, l’attelage, le maraîchage, le débardage mais aussi pour la monte.


Quelques faits sur les chevaux de trait

Un cheval de trait peut tirer en moyenne 1,5 fois son poids. Sachant que la majorité des chevaux de trait pèse entre 500 et plus de 1000 kilos, cela veut dire qu’un seul cheval peut tracter entre 750 et 1500 kilos !

Un cheval de trait attelé se déplace au pas à une vitesse moyenne comprise entre 3 et 6 kilomètres par heure.

Le débardage est une activité ancestrale qui permet à l’homme et au cheval de trait de travailler en synergie dans des zones où les machines ne peuvent pas aller, comme les pentes ou les montées en forêt. Le cheval, guidé par l’homme à pied qui l’accompagne, tracte à l’aide d’une chaîne les troncs d’arbres coupés par les bûcherons.

 


Le cheval de trait aujourd’hui

De nos jours, on observe un regain d’intérêt pour le cheval de trait, que ce soit via les activités de traction de loisirs, de compétition, ou via des festivités qui permettent la redécouverte des métiers et activités d’antan.

De plus, ils offrent une alternative écologique aux machines pour le travail agricole en conditions particulières : sur des parcelles difficilement accessibles (terrains en pentes) ou de faible superficie, ou encore pour le labour de la vigne. De nombreuses collectivités ont de plus en plus recours à ses services pour entretenir les espaces verts, collecter les déchets ou encore pour le débardage en forêt. Bref, le cheval de trait a encore plus d’un tour dans son sac !