Il s’agit d’une activité qui a le vent en poupe : en 2018, on estimait qu’environ 250 ostéopathes équins non vétérinaires exerçaient en France, ce qui représentait deux fois et demi les chiffres de ces professionnels cinq ans plus tôt ! 

En France, la profession est reconnue depuis 2011, et ouverte à la fois aux vétérinaires, et aux non-vétérinaires. Voulant aider les propriétaires de chevaux à en savoir plus sur cette pratique, nous allons répondre à certaines questions : qu’est-ce que l'ostéopathie équine ? Quand peut-on dire qu’un cheval a besoin d’un traitement ostéopathique ? Comment le diagnostic est-il posé, et que faut-il savoir pour le traitement ? Et pour finir, nous vous donnerons quelques conseils post-traitement. Bonne lecture !


Ostéopathie du cheval

Qu'est-ce qu’un ostéopathe équin ?

Ún ostéopathe équin est un thérapeuthe qui pratique l'ostéopathie équine, une thérapie mécanique effectuée avec les mains et basée sur le mouvement. Le terme “ostéopathie” se compose du mot “os” et de pathie (du grec pathos, qui signifie la souffrance en grec).

Il s'agit d'une thérapie manuelle qui vise à améliorer la mobilité et le fonctionnement de toutes les parties du corps, qu'il s'agisse du squelette, des muscles, des ligaments, des articulations ou des organes. Il est connu depuis longtemps que tous les systèmes du corps sont intrinsèquement liés, et qu'ils doivent tous fonctionner correctement pour que l’organisme entier fasse de même. En effet, un dysfonctionnement d’une partie du système peut souvent engendrer des problèmes dans une autre partie corporelle. C’est pourquoi les ostéopathes évaluent et traitent le corps tout entier !

L'ostéopathie équine est l'adaptation au monde équin des techniques ostéopathiques appliquées à l’homme. Utilisée conjointement à la médecine vétérinaire classique (en aucun cas contre, mais avec), c’est une thérapie complémentaire de choix pour traiter certaines affections équines.

 

D’où vient l’ostéopathie équine ?

Cette discipline a été créée en 1874 par le médecin américain Dr Andrew Taylor Still, son fondateur, mort en 1917. Il s'est fortement intéressé à l'anatomie (étude de la structure du corps) et à ses fonctions. Pour expliquer l'ostéopathie, il utilisait souvent l'exemple de l'horlogerie mécanique : si une seule roue dentée se bloque, le mouvement mécanique de l'ensemble de la montre en sera limité. Il voyait le corps et chacune de ses parties comme une unité fonctionnelle alimentée en sang de façon continue, et donc constamment “nourrie” par le mouvement. Il était convaincu que, dans des circonstances adéquates, le corps pouvait se guérir de lui-même. Le traitement vise principalement à renforcer le système immunitaire.

Il y a une vingtaine d’années, trois ostéopathes européens indépendants (Dominique Giniaux, Pascal Evrard et Janek Vluggen) ont commencé à développer l'ostéopathie équine. M. Giniaux et M. Evrard sont désormais décédés, mais Janek  Vluggen a poursuivi et fondé une école internationale, l'Institut Vluggen pour l'ostéopathie et l'éducation équines (cours dispensés aux Pays-Bas et aux États-Unis). L'ostéopathie équine est similaire à la physiothérapie équine, qui résout également les limitations des animaux.


Quand consulter un ostéopathe équin?

La première fois : avant d’être monté

Un poulain ou un jeune cheval qui grandit dans les pâturages va être sujet à de multiples blessures au cours de jeux, ou de bagarres de rang. Il vous sera très compliqué d’être informé de toutes ses blessures… C’est une des raisons pour lesquelles tout jeune cheval devrait être examiné par un thérapeute avant d'être monté : ce faisant, vous pourrez éliminer à temps une éventuelle limitation de mouvement. Car non traitée, celle-ci pourrait se renforcer, empirer, et perturber les performances de votre cheval pendant vos sessions d'équitation ultérieures.

Après une chute ou un accident

Dans tous les cas, après consultation du vétérinaire, un cheval qui présente des anomalies dans le mouvement ou une boiterie, après une chute ou un accident, doit être examiné et traité par un ostéopathe.

Pour certains troubles du comportement

Certains troubles du comportement chez le cheval peuvent aussi être traités par l’ostéopathe équin.

Notamment dans le cas d’un cheval :

  • qui, quand on le selle, plaque ses oreilles en arrière, se cogne la tête ou mord dans l'air
  • qui montre une grande réticence quand vous voulez lui sangler la selle
  • qui, pour une raison inconnue, refuse de sauter
  • qui montre des irrégularités d’allure
  • qui bat l’air avec sa queue
  • qui penche la tête d’un côté
  • qui bombe fréquemment la partie inférieure de l'encolure

Cas des chevaux de sport et des chevaux âgés

En ce qui concerne les chevaux de sport, une consultation régulière avec l’ostéopathe équin est également recommandée (au moins une fois par an).

Quant au cheval âgé, il a des besoins particuliers et il est important de maintenir sa mobilité. S’il souffre d’arthrose par exemple, vous pouvez aussi prendre rendez-vous avec l’ostéopathe équin pour lutter contre la progression de la maladie.


Comment le diagnostic est-il posé en ostéopathie équine ?

Une observation extérieure au repos, puis en mouvement

Avant tout traitement ostéopathique, le cheval sera d'abord examiné en position debout. La structure du corps et la position des membres donnent les premières indications sur les causes possibles d'une musculature tordue, asymétrique, ou d'une posture de ménagement. Les chevaux présentant un mauvais alignement ou des défauts anatomiques plus ou moins prononcés souffrent souvent des conséquences d'une sollicitation excessive de zones corporelles en raison de la mise en place de mouvements compensatoires.

L’ostéopathe équin va ensuite observer le cheval, de chaque côté, au cours des trois allures : au pas, au trot, et au galop. Il en déduira des indices sur la cause d’une raideur, d’une boiterie ou d’un dos non relâché. Tant à la longe que sous la selle, parfois aussi en course libre, l'ostéopathe étudiera le cheval en mouvement afin de déceler d’éventuelles déviations biomécaniques. Il observera en détail les endroits où apparaissent des déviations, analysera si les groupes de muscles déterminant le mouvement jouent bien leur rôle. Puis il tentera de trouver une explication physiologique à ses observations.

Mais moins les symptômes sont clairs, et plus le diagnostic sera long et difficile.

Sentir avec les mains ce que les yeux ne peuvent pas voir

L'examen manuel approfondi consiste en la deuxième partie de l’exploration diagnostique. Les mains de l'ostéopathe glissent doucement sur le corps du cheval, palpent les zones endurcies, recherchent les tensions dans la musculature et ses unités fonctionnelles. Il va examiner les articulations pour détecter d'éventuelles limitations de mouvement. Les doigts expérimentés du thérapeute cherchent les restrictions fonctionnelles (dysfonctionnements) et d’éventuelles zones tissulaires douloureuses.

En ostéopathie, on parle de dysfonctionnement et de lésion lorsque quelque chose ne fonctionne pas correctement. On entend par ces termes une mobilité réduite des articulations ou des tissus. Le mouvement restreint d'une articulation ou une mauvaise position des vertèbres est généralement appelé “blocage”. Ceux qui sont étrangers à la discipline imaginent à tort une immobilité totale d'une articulation. En ostéopathie, un blocage implique seulement une restriction de la mobilité comparativement au mouvement physiologique normal.

En cas de blocage (comme cela peut se produire, par exemple, suite à un mouvement incontrôlé ou à un traumatisme sur la colonne vertébrale), les muscles proches de l'articulation vont être, pendant une courte période, trop étirés. Cet étirement va entraîner des blessures et des dommages, et l'articulation perdre en stabilité. Or, les muscles contiennent des récepteurs qui transmettent en permanence au système nerveux des informations sur leur longueur. Ainsi lorsqu'il existe un risque d'étirement excessif, un mécanisme de protection déclenche un raccourcissement du muscle en question par contraction.

 

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Traitement ostéopathique : quelques points à connaître

Est-ce que les ostéopathes équins remettent les articulations en place ?

il s’agit là d’un mythe répandu à propos des ostéopathes équins. Mais non, les articulations ne sont pas faites pour se déboiter. Les vertèbres sont étroitement emboitées les unes dans les autres : elles sont maintenues en place par des ligaments solides et de nombreuses petites fibres musculaires. Si une vertèbre glissait de seulement cinq millimètres, le cheval serait paralysé et ne pourrait plus se tenir debout.

Néanmoins, des vertèbres peuvent être mal positionnées, mais tout au plus d’un ou deux millimètres seulement. L'articulation ne bouge tout simplement plus complètement : elle est alors comme bloquée.

Un maillet en caoutchouc est-il utile pour débloquer les articulations ?

Nombreux sont les propriétaires de chevaux à penser qu’un maillet en caoutchouc est utile pour débloquer les articulations. Il s’agit là encore d’un mythe, qui peut être dangereux de surcroît... En effet, seuls des thérapeutes incompétents ou des charlatans, vont frapper sur le dos de votre cheval avec un maillet en caoutchouc. La matière est trop dure : les os peuvent être blessés, et des ecchymoses peuvent apparaître. Ces ecchymoses sont censées accélérer le processus de guérison.

Or il existe des mouvements bien plus doux qui vont stimuler en même temps les pouvoirs d'auto-guérison du corps. A la la place du maillet, certains ostéopathes ont parfois dans les mains un bâtonnet en bois, qui ne leur sert cependant qu’à soutenir leurs mains et faciliter la mobilisation du cheval.

Est-ce que les os doivent craquer pendant le traitement ?

Attention, si vous entendez les os craquer bruyamment pendant le traitement, ce n’est pas bon signe du tout. Cela signifie que les surfaces des os frottent les unes contre les autres, et cela peut être dommageable pour votre cheval.

En revanche, si vous entendez un craquement léger, il n’y pas lieu de s’inquiéter. De tels bruits proviennent d’une baisse de pression dans l'articulation, à l’endroit où les surfaces cartilagineuses adhèrent entre elles par l’intermédiaire d’un fluide. Ils sont sans danger et entièrement indolores pour votre cheval.

Si l'articulation est tirée ou étirée, il se produit une dépression qui permet au lubrifiant de refluer. Cette égalisation de pression crée un bruit qu’il est possible d’entendre. En revanche, il est peu raisonnable de vouloir évaluer la qualité d’un ostéopathe sur le fait qu’il y ait des craquements ou non… C’est loin d’être aussi simple ! Et nous vous rappelons au passage que ces craquements ne provoquent pas d'arthrose dans les articulations.

Est-ce que les articulations s'usent par trop de traitements ostéopathiques ?

En aucun cas : les articulations ne s’abîment ou ne s’usent pas par la répétition de traitements ostéopathiques.

Au contraire, c’est lorsque les vertèbres sont longtemps bloquées, que les ligaments, les tendons et la capsule articulaire, se trouvent sous tension et risquent de perdre de leur stabilité. En conséquence, plus vous attendrez pour traiter les blocages articulaires, et plus lourdes seront les répercussions pour votre cheval. Les manipulations ostéopathiques vont permettre un ajustement des structures, qui leur permettra de retrouver leur stabilité.


Après le traitement d’ostéopathie équine

Des douleurs musculaires peuvent apparaître chez les chevaux après une séance d’ostéopathie. Il se peut aussi que votre cheval se sente plus mal qu’avant la consultation. C’est souvent le cas quand un cheval a présenté une mobilité limitée à un endroit particulier pendant une longue période, et qu’il a compensé cette limitation en augmentant la mobilité d’une autre zone. Le traitement ostéopathique va casser ce mécanisme de compensation et permettre au cheval de récupérer tous les segments de mouvement. Mais il faut parfois un certain temps pour que l'organisme se réhabitue et retrouve la mobilité originale et juste.

Ne pas monter le cheval pendant 48 heures

Après la thérapie, le cheval ne doit pas être monté immédiatement. Il doit d'abord se rétablir. Il ne pourra être monté de nouveau, et sans forcer, que 48 heures seulement après le traitement. Mais attention, le raccourci est parfois trop vite franchi ; cela ne veut pas pour autant dire qu’il faut l’enfermer dans son box… Au contraire, il faut qu’il puisse bouger. En effet, les animaux qui ont été traités doivent d'abord réapprendre de nouveaux schémas de mouvements afin que leurs nerfs puissent transmettre les bonnes impulsions à leurs muscles.

Revenir progressivement à un entraînement habituel

Pour les premiers jours, un programme d'entraînement quotidien idéal consiste en des séjours de plusieurs heures au pâturage ou au paddock, avec en plus une promenade calme journalière.

Allez-y en douceur ; réhabituez-le progressivement à un entraînement normal. Ne soyez pas surpris : dans un premier temps, la conduite et la maniabilité du cheval peuvent vous sembler, du fait de ses nouvelles sensations corporelles, moins bonnes qu’avant. Ceci s’explique parfois tout simplement par les douleurs musculaires induites.


Chiropractie, ostéopathie ou physiothérapie ?

Pour de nombreux propriétaires de chevaux, une question se pose : quelle thérapie manuelle est la plus adaptée pour leur cheval ? En effet, quelle est la différence entre l'ostéopathie et la physiothérapie pour chevaux ? Faut-il plutôt consulter l'ostéopathe équin ou le chiropraticien ? Il est bien ardu de répondre à ces questions de manière générale, car le choix de la méthode doit toujours être fait individuellement, et ce pour chaque cheval, ainsi qu’en tenant compte de ses antécédents médicaux.

Ces trois méthodes suivent toutefois un objectif très similaire, et ce ne sont que les moyens et les techniques qui diffèrent pour l'atteindre. Dans tous les cas, ces thérapeutes utilisent leurs mains pour mobiliser le système musculo-squelettique du cheval, et maintenir l'ensemble de son organisme en bonne santé.