De nos jours, les chevaux ne sont plus dressés par la force et la violence, comme c’était parfois le cas auparavant. Le dressage joue un rôle important dans le début de la vie du cheval : sans cette éducation essentielle qui le mettra en confiance, il sera moins performant, moins volontaire, plus craintif. Le débourrage est un premier cap essentiel à la formation des bases de la relation homme-cheval ; puis cette étape permettra de passer au dressage à proprement parler. Dans cet article, nous verrons la différence entre débourrage et dressage, et donnerons quelques conseils sur le dressage du cheval. Puis nous expliquerons, étape par étape, les principes pour débourrer un cheval. Nous finirons par quelques conseils sur le choix d’un bon dresseur pour votre cheval.


 

Différence entre dressage et débourrage

Ces deux termes ne sont pas toujours bien différenciés dans de nombreuses méthodes de dressage. Mais en fait elles se suivent l’une l’autre, sans véritable transition.

Le débourrage

De nos jours, quand on parle de débourrage, on fait allusion à l’étape qui consiste à faire accepter au cheval les harnais et autres équipements, son cavalier et à le faire obéir aux différentes aides. En équitation, on appelle “aides” les moyens utilisés pour dresser un cheval : il s’agit de la voix bien sûr, mais aussi des aides dites naturelles comme les jambes, les mains, l’utilisation du poids du corps (l’assiette), l’orientation du haut du corps, ainsi que des aides dites artificielles, c’est à dire les accessoires comme le stick, la cravache, la gaule, la longe ou les enrênements… Cette phase de débourrage peut durer de quelques jours à quelques semaines, suivant la méthode utilisée. Le débourrage est donc la première phase d’éducation du cheval lui permettant d’accepter son cavalier, les enrênements, et une selle sur son dos et de rester immobile au montoir.

 

 

 

Le dressage

Le débourrage est un préalable au dressage qui est lui-même une étape cruciale pour la pratique de nombreuses disciplines équestres. Ainsi, que votre cheval soit destiné au CSO (Concours Saut d’obstacles), au cross ou à la randonnée équestre, il lui sera très utile de bien maîtriser les 3 allures (pas, trot, galop), d’être en mesure de gérer correctement les transitions et certaines figures de manège comme la volte, la diagonale ou la serpentine, et de connaître certaines techniques de dressage comme l’appuyer ou l’extension de l’encolure. Ainsi votre cheval continuera d’évoluer plus aisément en gagnant en fluidité et en élégance.


Comment débourrer un cheval ?

L'entraîneur débutera le débourrage en douceur, en prenant son temps et avec la patience nécessaire. Classiquement, il y a différentes étapes à suivre pour débourrer correctement un cheval.

Observation de l’intérieur et de l’extérieur

L'entraîneur commence en général par observer le dos du cheval : celui-ci est souvent affaissé car l’animal n'a pas encore assez de muscles ; il serait ainsi douloureux pour lui de porter un cavalier dans cette condition physique. Ceci justifie donc une approche progressive.
Lors de l'évaluation de l'extérieur, l'entraîneur étudie le cheval debout, mais aussi en liberté. Ainsi, il peut voir si l'animal est capable de s'équilibrer dans le mouvement, et est en mesure d’évaluer la capacité de charge du dos.
Mais le cheval doit aussi être capable de faire face psychologiquement au nouveau défi que représente le fait d'être monté. A-t-il peur des gens ? Est-il nerveux et hennit-il en direction du troupeau ? Ou bien pousse-t-il l'entraîneur de côté et se comporte-t-il de manière irrespectueuse ?
Dans tous ces cas, un travail au sol, en pleine concentration, devra être effectué sur une longue période pour renforcer l'intérieur du cheval jusqu'à ce qu’il puisse passer à l'étape suivante. Mais si un cheval est initialement peu concentré et ignore l'entraîneur, on le dirigera directement vers l’étape suivante : le travail au sol.

Le travail au sol

Le but du travail au sol est de faire disparaître la peur chez le cheval et d'encourager sa curiosité, tout en construisant la confiance réciproque. Dès le début, le dresseur s’affiche en position de leader : il se comporte de manière cohérente, dominante, mais en inspirant confiance. Le cheval sera heureux de se subordonner dans ces conditions : sa capacité à apprendre et à se concentrer augmentera.
Les bases du travail au sol comprennent des exercices essentiels comme diriger son cheval, ou rester à l’arrêt, immobile : le cheval doit uniquement prêter attention à la personne qui se trouve avec lui. Cela le protègera plus tard de situations dangereuses (suite à une désobéissance par exemple) et facilitera le partenariat homme-cheval.
Une fois que vous aurez gagné la confiance de votre cheval au sol, le débourrage ne sera plus si difficile.

Mettre la bride

Après le travail au sol, le jeune cheval qui a gagné confiance en son entraîneur va devoir s’habituer à la bride. L'entraîneur commence par lui faire renifler la bride, puis pousse doucement le mors dans sa bouche. Ce dernier doit être positionné de manière à ne déranger ni les incisives ni les molaires du cheval.

Travail à la longe

Après la bride, il va falloir habituer le cheval à la longe.
Le travail à la longe du jeune cheval contribue fortement à sa condition physique. En trottant dans une posture vers l’avant et vers le bas, il apprend à contracter ses muscles abdominaux et à arquer la ligne de son dos. De cette façon, le bas de son encolure se rétracte et permet le développement de ses muscles dorsaux, nécessaires pour la monte. En plus de stabiliser son dos, le travail à la longe lui apprend aussi à mieux s'équilibrer et à trouver son rythme.

Seller le cheval

Au cours du travail à la longe, le cheval s'est déjà familiarisé avec une sangle, le surfaix de la longe.
La selle est quelque chose de complètement nouveau pour le jeune cheval. Avant de la mettre sur son dos pour la première fois, une bonne préparation (travail au sol) doit avoir consolidé sa confiance en son entraîneur et éveillé sa curiosité à l'égard de l'entraînement.
Un assistant tient le cheval avec une longue corde pendant que l'entraîneur lui montre le nouvel équipement. Ensuite, le cheval sera autorisé à renifler abondamment la selle et la couverture, qui, s'il ne montre aucune crainte, seront installées lentement et avec précaution, dans l’ordre suivant : d'abord la couverture, puis la selle. Cette étape de pose de selle sera recommencée de temps en temps pour habituer le cheval, et lorsqu’en confiance, il baissera sa tête, l’entraîneur pourra alors également serrer lentement la sangle.

Mettre le pied à l’étrier

L'entraîneur ne va pas chercher à monter le cheval tout de suite : il va d’abord l’entraîner à accepter la charge du cavalier qui met son pied dans l’étrier. C’est pourquoi la première monte d'un cavalier doit être faite de manière ludique. À cette étape, le cheval considère toujours l’entraîneur comme une personne de confiance. Toutefois ce n’est pas ce dernier qui va mettre le pied à l’étrier, mais une tierce personne, de façon à ce que le cheval puisse garder contact avec l'entraîneur au sol, en cas de stress.
Pour ce faire, l'entraîneur maintient une pression sur l'étrier opposé pendant que l'assistant met son pied dans l'étrier. Ainsi, le cheval sent une pression sur chacun des deux étriers, de chaque côté de son corps. Cette procédure peut être répétée plusieurs fois pendant le travail à la longe, jusqu’à ce que le cheval reste complètement détendu.
Une fois que le cheval y est habitué, l'aide pourra aller un peu plus loin et poser le haut de son corps sur la selle. S’il n’y a pas de problème, il pourra alors faire passer sa jambe par-dessus la selle, de telle façon à être assis sur le cheval passivement, sans ne rien faire d’autre. La fréquence de répétition nécessaire pour arriver à ce résultat varie considérablement d'un cheval à l'autre.

Guider le cheval au pas avec un cavalier sur son dos

Si le cheval tolère le cavalier et est détendu, l'entraîneur pourra commencer à le guider au pas sur quelques tours. Ainsi, le cheval apprend à supporter le poids du cavalier pendant le mouvement. Le cavalier ne doit ni tirer sur les rênes, ni utiliser la bride sous aucun prétexte. Il ne devra exercer aucune action sur le cheval, mais seulement s'adapter à ses mouvements.
L'entraîneur peut à ce stade répéter quelques exercices déjà connus, comme le guider au pas, ou rester en position immobile. Le cheval intègre alors que tout est comme d'habitude, mais avec un poids sur le dos, en plus.

Travail à la longe avec un cavalier sur le dos

Si tout a fonctionné sans problème jusque là, vous pouvez emmener le cheval avec cavalier sur son dos, à la longe. Au départ, le cavalier restera passif, pendant que l'entraîneur travaillera à la longe de la manière habituelle. Puis petit à petit, l'entraîneur laissera de plus en plus de responsabilités au cavalier qui commencera alors à exercer des actions sur le cheval, mais ne prendra les rênes qu’à la toute fin.
Tout d’abord, il doit soutenir les mouvements du cheval uniquement avec son corps. Le cheval, à ce stade, connaît déjà la longe et les commandes vocales. Par la suite, c’est le cavalier qui dirigera le cheval ; ce dernier comprend qu'il est alors dirigé d'en haut, ce qui améliore la dynamique. Au final, l'entraîneur pourra retirer la longe. Si tout cela fonctionne bien, le cheval peut être monté.

Monte à cheval sans longe

Le cavalier contrôle maintenant le cheval d'en haut. Après le travail à la longe, le cheval est désormais habitué à avoir une résistance dans la bouche. Cependant le cavalier ne doit pas encore essayer de diriger le cheval à l'aide des rênes : à ce stade, ils ne servent qu'à contrôler son allure et son obéissance. La position souhaitée, à savoir tête vers l'avant et vers le bas, doit s’installer naturellement au fur et à mesure que le cheval se détend ; il laissera alors son cavalier déterminer la direction, le tempo et le rythme à suivre.

Préparation au galop

Le galop n'est pas immédiatement exigé dans la phase de débourrage. Ce n'est que si le cheval s’y met de son propre chef que l'entraîneur l'autorise (en supposant que le cheval galope correctement). Sinon, le galop sera "suggéré" par l'entraîneur à la fin du débourrage. Le galop doit d'abord être préparé par un travail à la main. Le cheval connaît déjà le chevauchement des pattes arrières grâce à la phase de travail au sol qui favorise l'obéissance des cuisses et l’amène à décontracter la patte arrière située à l’intérieur pendant le mouvement.


 

Le dressage du cheval

Un dressage complet de votre cheval prendra des années si vous vous en préoccupez sérieusement. C’est long certes, mais le jeu en vaut la chandelle : en retour, vous aurez un cheval satisfait, confiant en l’homme, et tout particulièrement en vous, son cavalier.

Dresser le cheval : en quoi cela consiste ?

Il s’agira notamment de lui apprendre à faire confiance, de passer du temps avec lui, de le former à être guidé, de lui enseigner des basiques comme donner un sabot ou à pouvoir suivre calmement. Il aura pour commencer sur sa longue liste de travail : les premiers pas avec un cavalier sur son dos, ses premières courbes, et du travail au sol pour activer les pattes arrières. Puis par la suite l'entraîneur le fera travailler sur les transitions, sur sa condition physique et musculation, ainsi que sur la confiance homme-cavalier. Un objectif récurrent est de lui apprendre à se déplacer et à travailler avec de plus en plus de décontraction. Dresser un cheval est un projet de long terme, qui ne peut en aucun cas être effectué en quatre semaines chrono.

Les méthodes de dressage

Il y a de nombreuses bonnes méthodes de dressage de cheval : il n’y en a pas une seule valide, cela serait réducteur de penser cela. C’est un peu comme les dresseurs et entraîneurs professionnels : chacun a sa personnalité, sa sensibilité, son approche, sa perception du cheval, son expérience, basée sur ses échecs et succès…
Au final, les résultats peuvent être bons avec différentes méthodes. Ce qui pourra varier d’une méthode à l’autre sera l’impact qu’elle aura sur la musculation et la personnalité de votre cheval. Appliquée avec patience, générosité et sérénité, une bonne méthode ne tarera pas votre cheval, et c’est déjà un point essentiel !

Choisir un dresseur professionnel

Dresser un cheval, c’est un métier. Connaissez-vous l’adage qui dit : “À jeune cheval, vieux cavalier. À jeune cavalier, vieux cheval” ? Il y a une belle part de vérité dans cette expression, à savoir que l’expérience est essentielle dans les premiers contacts avec un jeune cheval, tout particulièrement dans le dressage.
Un conseil donc : n’essayez pas de débourrer votre cheval vous-même, mais faites appel à un expert. En effet, vous pourriez alors avoir énormément de mal à corriger les erreurs de formation issues de votre éducation ou à réparer les tares déjà acquises par votre monture.


 

Comment trouver un bon entraîneur pour son cheval ?

Cette question n’a pas une réponse unique, loin de là… En effet, chaque formateur possède une personnalité propre et propose une méthode différente. Alors comment savoir si un entraîneur fait du bon travail et que vous pouvez lui confier votre cheval ? Il y a toutefois quelques indices à examiner : ils vous orienteront dans le choix de votre entraîneur.

Signes d’un mauvais débourreur ou dresseur En revanche, un bon entraîneur ne se met pas en colère, n’hurle pas et n’utilise jamais la violence pour arriver à ses fins. De même, s’il a peu de temps pour vous, n’aime pas être regardé pendant l'entraînement, ou encore s’il vous promet des résultats rapides dans un délai très court, cela n’est pas bon signe. Soyez méfiant avec de tels indices, et cherchez un autre dresseur avec qui vous vous sentez en confiance.

Signes d’un dresseur ou débourreur de qualité

Si vous reconnaissez l'entraîneur que vous allez choisir dans la majorité des critères suivants, il y a de grandes chances que vous ayez affaire à un dresseur professionnel de qualité :

  • il prend le temps d’échanger lors de vos premiers entretiens
  • il vous laisse le regarder lors d'entraînements et le voir travailler plusieurs fois avant que nous ne lui laissiez votre cheval
  • il a de bonnes références
  • il n’estime pas la vitesse d'apprentissage du cheval sans le connaître
  • il met l'accent sur le travail au sol, et s’intéresse au caractère et à l'histoire de votre cheval avant de démarrer l'entraînement
  • il vous implique et vous emmène avec lui à l'entraînement ; il insiste pour vous entraîner également afin que vous et votre cheval n’ayez pas de souci l’un avec l’autre par la suite
  • ses propres chevaux n’ont pas l’air stressés, mais satisfaits et calmes
  • ses propres chevaux sont vraiment bien dressés !
  • il stimule le cheval en fonction de ses besoins physiques et mentaux
  • ses méthodes de dressage vous plaisent
  • il est détendu, calme et patient
  • il sait s'affirmer tout en restant amical et juste, et n’a pas de problème à dire non à votre cheval en cas de besoin

Cette représentation est succincte, et vise à donner les grandes lignes qui vous aideront à trouver le bon entraîneur.
En observant la personne à qui vous allez confier votre cheval, vous allez beaucoup apprendre ; alors soyez attentif. Car c’est ainsi que votre cheval et vous-même allez grandir ensemble.